top of page

L'Argent dans le monde



Du latin argentum, signifiant blanc et brillant, l’argent est le premier métal à être associé à la richesse. Peu réactif, il est l’un des rares métaux qui se trouve à l’état élémentaire dans la nature. 


L'argent, en tant que métal précieux, occupe une place significative dans le monde, à la croisée de l'économie, de l'industrie et de la culture. Historiquement, il a été utilisé comme monnaie d'échange pendant des millénaires, notamment sous forme de pièces, avant que les systèmes monétaires modernes ne s'appuient davantage sur le papier et le numérique. Aujourd'hui, son rôle économique est plus nuancé mais reste important.


Parfois considéré comme l’or des pauvres, l’argent se révèle pourtant vital pour l’économie mondiale. Car c’est non seulement un métal précieux, mais aussi une matière première indispensable pour de nombreux secteurs industriels. Or, si en 2023, la demande mondiale s’est élevée à 33 000 tonnes, seules 26 000 tonnes d’argent ont été extraites du sol. La disponibilité du métal est donc devenue une préoccupation majeure.


Un contexte souvent difficile pour la production d’argent

La production d’argent est principalement concentrée dans quelques pays clés. En 2023, le Mexique était le premier producteur mondial, avec environ 6 400 tonnes extraites du sol. Suivaient la Chine et le Pérou, avec respectivement 3 400 et 3 100 tonnes chacun. Ensuite viennent le Chili, la Bolivie ou la Russie (aux productions beaucoup plus modestes), mais le point commun de beaucoup de ces pays, sont souvent les troubles sociaux ou politiques qui peuvent faire obstacle à une production régulière et sans problèmes. Et ce vide s'accroît sur le fait que la Chine et la Russie allié à date va conserver ses stocks et non pas la vendre au monde occidental. 


Une exploitation souvent dépendante d’autres métaux

Pour la petite histoire, on n’extrait pas l’argent du sol comme on le fait avec l’or. Certes, dans quelques mines dites « primaires », chaque tonne de minerai contient suffisamment d’argent pour être rentable. Mais la plupart des exploitations sont constituées de mines « secondaires », où l’argent n’est qu’un sous-produit de l’extraction d’autres métaux comme le cuivre, le zinc ou le plomb.


Mais il faut surtout être conscient qu’ environ 70 % de l’argent extrait provient de ces mines secondaires, ce qui signifie que l’industrie de l’argent dépend largement de celles des autres métaux. La production d’argent reste donc sensible aux fluctuations de la demande pour ces métaux moins nobles. 


L’argent se raréfie

Même si on estime qu’il doit rester environ 250 000 tonnes d’argent dans la croûte terrestre, tout ce métal est loin d’être entièrement accessible. En attendant, les gisements existants s’épuisent et de nombreuses exploitations historiques connaissent une baisse de rendement inexorable, année après année. Les plus gros gisements au Mexique et au Pérou, bien qu’encore très productifs, affichent des signes de déclin en termes de pureté des gisements.


Dans le même temps, les nouvelles découvertes de gisements restent rares et obligent les entreprises minières à explorer des zones géographiques de plus en plus reculées. Il existe un autre gisement, gigantesque, mais inexploitable à ce jour : les océans. L’eau de mer contiendrait 0,00004 gramme d’argent par mètre cube, soit un potentiel de 100 millions de tonnes d’argent… liquide. Mais il faudrait investir tellement d’argent sans mauvais jeux de mots que pour le moment cette solution n’est pas envisagée. 


Rappelons pour finir que certaines régions clés pour la production d’argent, notamment en Amérique latine, sont soumises à une instabilité politique et économique quasi constante. Mais surtout que les préoccupations concernant les impacts écologiques des exploitations (pollution des sols et des eaux, consommation d’énergie) entraînent des régulations plus strictes. Des projets miniers sont ainsi régulièrement suspendus ou abandonnés en raison d’oppositions locales ou de normes plus contraignantes.


Du côté de la demande, l’argent ne s’est jamais aussi bien porté, car au-delà de la bijouterie (20% de la demande), le métal est principalement utilisé dans l’industrie, où ses nombreuses qualités physico-chimiques et sa grande polyvalence sont devenues indispensables. Or cette demande contribue à la raréfaction de l’argent disponible. Surtout qu’il existe d’autres secteurs dans lesquels l’argent disparaît lors de son utilisation. C’est ainsi le cas dans le secteur de la santé, où le métal est utilisé pour ses propriétés antibactériennes dans des pansements ou des équipements médicaux, voire de réactif chimique ou d’ingrédient dans des solutions antiseptiques. Et cette utilisation ne cesse de croître à une époque où les germes pathogènes se montrent de plus en plus résistants aux antibiothérapies classiques.


Mais l’argent continue d’avoir un accroissement d’utilisation pour ses propriétés de conductivité électrique et thermique de l’argent en font un matériau incontournable pour les circuits électroniques, les batteries, ainsi que les composants de téléphones et d’ordinateurs. En 2022, environ 50 % de la demande mondiale d’argent provenait de cette industrie et cette tendance ne cesse de croître avec la montée en puissance de la 5G ou encore de l’intelligence artificielle. Ce qui le distingue de l'or, plus orienté vers la bijouterie et l'investissement. 


L’argent joue également un rôle essentiel dans le secteur des énergies renouvelables, notamment dans la fabrication des panneaux solaires photovoltaïques qui représente environ 13 % de la demande mondiale en 2024. Et transition énergétique oblige, les technologies solaires pourraient représenter plus de 20 % de la demande totale d’ici 2030.


L’argent plus que jamais valeur-refuge

Enfin, l’argent est également une valeur refuge pour les investisseurs, surtout en période d’incertitude économique comme pour l’or. Et avec les pressions inflationnistes récentes, sans oublier l’instabilité géopolitique qui a tendance à enflammer la planète un peu partout, l’intérêt pour l’argent en tant qu’actif d’investissement s’est intensifié. En 2022, la demande en argent pour l’investissement (lingots, pièces) a augmenté de 20 % par rapport à l’année précédente.


Pour l’économiste Milton Friedman, «le métal monétaire le plus important de l’histoire est l’argent, pas l’or». Utilisé comme monnaie dès 4.500 ans av. J.-C., l’argent fut un temps plus précieux que l’or, servant de valeur étalon pour divers systèmes monétaires et participant à l’essor du commerce international. En France, la dernière pièce en argent a été la 5 francs Semeuse, frappée entre 1959 et 1969, qui contenait 10 grammes d’argent pur.


Si on analyse froidement l’offre et la demande d’argent, on constate clairement des signes de déséquilibre potentiel à moyen et long terme. Le risque de pénurie ne sera pas immédiat, mais plusieurs facteurs convergent pour rendre cette éventualité de plus en plus plausible. La production minière mondiale d’argent recule depuis 2022, tandis que la demande globale a augmenté de 19 %, atteignant un niveau record et comme dit en préambule en 2023, pour la première fois depuis son extraction et son utilisation, la demande mondiale était plus élevée que la quantité extraite de 21%.


Si cette tendance se poursuit, l’offre pourrait ne plus répondre à la demande d’ici la fin de la décennie. Surtout que la demande d’argent va continuer d’ augmenter de 30 à 40 % d’ici 2030, principalement en raison des besoins accrus des industries des énergies solaires et des véhicules électriques. 


En cas de pénurie, l’impact serait considérable. Les prix de l’argent connaîtraient une flambée qui pourrait freiner l’accès à ce métal pour les secteurs essentiels comme les énergies renouvelables. D’autres industries pourraient même être forcées de trouver des alternatives, probablement moins efficaces.


L’autre effet serait l’augmentation de la spéculation sur les marchés financiers, car même si la production mondiale d’argent est encore capable de répondre à la demande actuelle (ndlr - le monde possède 61 000 tonnes de réserve). 


Et finalement, après avoir été si souvent éclipsé par l’or, l’argent pourrait bien devenir l’un des piliers de l’économie du XXIe siècle. C’est d’ailleurs pour cela que nous conseillons à nos clients investisseurs de prendre des positions sur ce métal afin de profiter prochainement de sa volatilité.


En résumé, l'argent est un métal aux multiples facettes : un pilier industriel, un actif financier, et un symbole culturel. Sa place dans le monde est moins ostentatoire que celle de l'or, mais elle est tout aussi essentielle, portée par une demande qui ne faiblit pas dans un monde en quête de technologies vertes et de stabilité économique.


Posts récents

Voir tout

Komentáře


bottom of page