L'Or dans le monde
- Les Pieds dans l'Or
- 18 févr.
- 10 min de lecture

Nous avons décidé de faire un rapide tour du globe afin de savoir où se trouve l’or dans le monde que ce soit dans sa production ou extraction, mais également dans les coffres des banques centrales mondiales sous forme de barres, lingots ou pièces.
Sans être le plus rarissime des métaux, l’or fait partie des plus précieux. Il doit ses multiples utilisations dans la technologie, la santé et l’industrie, à ses propriétés physiques et chimiques particulières qui lui permettent de s’adapter à de nombreux environnements. Prisé pour sa valeur qui s’impose à tout un chacun dans le monde, les investisseurs institutionnels et privés l’utilisent notamment comme une valeur refuge. Enfin, en bijouterie, aucun métal n’est aussi prisé que l’or : sa durabilité et sa beauté font de cette précieuse ressource naturelle un matériau très recherché.
Présent dans le monde entier
L’or se trouve présent en infime quantité dans la plupart des minerais et des organismes. Une étude réalisée en 1998 par le chercheur John Emsley indique que le corps humain contiendrait en moyenne 0,20 milligrammes d’or ! En effet, lorsque nous mangeons des légumes et de la viande, ceux-ci ont préalablement stocké des métaux contenus dans la terre, que nous ingérons par la suite. L’or aurait notamment un rôle bénéfique dans l’entretien des articulations.
Appelé « or libre », l’or pouvant être extrait des filons se trouve généralement sous terre, dans des milieux riches en quartz. Tous les continents sont concernés par la présence de l’or dans ses sous-sols, sous forme de paillettes ou de pépites.
En 2020, le WGC (World Gold Council) estimait à un peu plus de 200 000 tonnes le poids total de l’or extrait dans le monde : il resterait seulement 54 000 tonnes d’or disponibles dans les sites miniers. 80% de l’or minier existant aurait donc déjà été extrait du sous-sol par les compagnies minières, dont près de la moitié serait détenu sous forme de bijoux et 20% serait détenu sous forme de pièces et lingots par les investisseurs.
De nombreux pays produisent de l’or, mais parmi eux, sept se démarquent et détiennent la majorité des ressources naturelles mondiales. Ce métal jaune favorise grandement leur commerce au travers des échanges internationaux.
Ils disposent entre autres de raffineries et de mines pour produire leurs propres lingots destinés à la revente et aux banques nationales.
Tout d’abord l’Australie, avec 12.000 tonnes produites dans ses réserves de mines d’or en 2023, l’Australie est largement en tête de ce classement mondial. L’or est l’une des principales matières premières de l’industrie minière australienne. Elle représente ainsi plus de 50 % des exportations totales du pays et 8 % de son PIB.
Le deuxième plus grand producteur d’or au monde est la Russie, avec 11.100 tonnes produites en 2023. Il s’agit du premier fournisseur d’or de l’Europe depuis 2010, et le gouvernement russe est aussi le plus gros consommateur local. Toutefois, l’invasion de l’Ukraine a engendré des sanctions qui ont eu un impact très négatif sur l’économie du pays, mais il domine toujours grâce à ses importantes réserves.
Plus loin, avec 5.000 tonnes produites en 2023, arrive l’Afrique du Sud. Autrefois premier producteur mondial, le pays a connu une chute importante depuis 1980, mais reste tout de même le premier du continent africain. La mine East rand, à Boksburg, est la plus importante du pays et s’étend sur une surface de 3.585 mètres.
Au même niveau que la Chine, les États-Unis ont aussi produit 3.000 tonnes d'or en 2023. Une augmentation importante s’est surtout fait remarquer dans les mines du Nevada et du Colorado. L’État du Nevada représentait, en effet, 80 % de la production d’or du pays en 2021. Mais la majorité de l’or produite aux États-Unis se situe dans les régions de l’Alaska et de l’ouest des États-Unis. Toujours en 2021, les exportations nettes du pays s’élevaient à 9 milliards de dollars.
La Chine a longtemps été considérée comme le plus grand consommateur d’or du monde, le niveau des réserves a grandement diminué. Une baisse due aux réglementations environnementales strictes qui ont été mises en place par le gouvernement chinois. Cela a ainsi engendré la fermeture de nombreuses mines, considérées comme insuffisamment efficaces.
L'Indonésie se place également parmi les grands producteurs d'or mondiaux, avec 2.600 tonnes produites. Le pays possède plusieurs mines d'or importantes, notamment la mine de Grasberg en Papouasie, qui est l'une des plus grandes mines d'or au monde. L'industrie minière, y compris la production d'or, joue un rôle significatif dans l'économie indonésienne.
Le Brésil figure aussi parmi les producteurs notables d'or, avec une production de 2.400 tonnes. Le pays dispose de plusieurs régions riches en or, principalement dans les états d'Amazonie et du Pará. L'exploitation aurifère au Brésil remonte à l'époque coloniale et reste une composante importante de son secteur minier, bien que le pays soit confronté à des défis liés à l'exploitation illégale et aux préoccupations environnementales en Amazonie.
Mais comment est produit l’or ?
Pour produire de l’or, l’industrie minière procède de la même manière que pour les autres métaux précieux. La prospection débute avec un travail de recherche et d’analyse des potentiels gisements. Selon les résultats, l’exploitation est envisagée : un certain seuil de rentabilité est exigé pour compenser les coûts engendrés par l’extraction de l’or. Il existe diverses méthodes d’extractions industrielles, plus ou moins polluantes : toutes nécessitent cependant une main d’œuvre importante, et mobilisent d’importantes ressources en eau. Il existe deux types de mines : les mines d’or pur, et les mines d’or polymétalliques, où sont extraits plusieurs métaux tels que l’argent, le cuivre, le zinc… A noter que les grandes compagnies d’exploitation aurifère ont dans un effort global pris des mesures pour atteindre les objectifs de développement durable de l’ONU (ODD).
La production d’or à taille humaine
A moindre échelle, il existe plusieurs techniques pour extraire de l’or dans les gisements fluviaux, quasiment à la portée de tous. La recherche d’or et sa production par les particuliers ont été à l’origine des ruées vers l’or aux Etats-Unis aux XIXème siècle et XXème siècle. L’appât du gain a jeté des milliers de personnes sur la route de l’Amérique du Nord, notamment en Californie, puis vers le Klondike, le Yukon et en Alaska. L’extraction à la batée était alors la plus utilisée : ces fameux récipients en forme de cuvette permettaient de trier les particules et graviers selon leurs poids pour conserver les plus lourds, tels que l’or. Cette méthode fastidieuse est encore utilisée dans certains pays d’Afrique par des orpailleurs artisanaux.
Quels sont en 2025 les Réserves d’or physique par pays ?
La Chine, la Turquie ou l’Inde figuraient parmi les plus importants acheteurs d’or au premier trimestre 2024. Plus globalement, les Banques centrales des pays émergents se tournent vers le métal jaune pour réduire leur dépendance au dollar, renforcer leur monnaie ou lutter contre l’inflation.
Les États-Unis détiennent les plus importantes réserves d’or au monde, principalement conservées à Fort Knox. Et pour cause, l’histoire du développement du pays est intimement liée à celle du métal précieux. Tout commence au 19ème siècle avec plusieurs ‘’Ruées vers l’or’’ successives, d’abord sur la côte est, puis en Californie. En 1933, en pleine crise économique, l’Executive Order, une des mesures phares du New Deal, oblige les particuliers à remettre la plus grande partie de leur or à la Réserve fédérale, faisant augmenter ainsi les stocks.
L’Allemagne a progressivement reconstitué ses réserves d’or à partir des années 50. Avant 2013, l’or allemand était stocké à l’étranger, à Londres ou dans les entrepôts de la Banque de France et de la Réserve fédérale américaine (FED). Dans le contexte de la Guerre froide, la Bundesbank redoutait alors une éventuelle agression soviétique. Cependant, après la crise des dettes souveraines en 2010, la Banque centrale allemande, poussée par l’opinion publique, a rapatrié 674 tonnes d’or dans ses coffres, à Francfort, pour en disposer plus librement.
Les réserves d’or de la Banca d’Italia n’ont cessé d’augmenter entre 1950 et 1960, pour atteindre environ 2500 tonnes en 1973. L’Italie bénéficiait d’une conjoncture économique favorable et investissait dans le métal précieux. Le pays conserve son or à Rome, mais également en Angleterre, aux États-Unis et en Suisse. Il possède un attachement historique à cette valeur refuge et les Italiens n’hésitent pas à acheter des pièces d’or pour préserver leur patrimoine.
Si la France est au pied du podium, c’est parce qu’entre 2004 et 2009, elle se sépare de 589 tonnes d’or pour tenter d’améliorer son déficit public. Jusque-là, le pays avait su préserver son stock de métal jaune. En effet, au cours des siècles, les Rois de France puis Napoléon ont encouragé l’accumulation d’or. En 1940, les réserves sont évacuées vers les colonies françaises et les États-Unis, pour ne pas tomber aux mains des ennemis. Aujourd’hui, la France conserve son précieux patrimoine dans la Souterraine, une salle de la Banque de France, située à 30 mètres sous terre.
Pour les Russes, l’or est synonyme d’indépendance, quel que soit le régime au pouvoir. Il garantit la valeur du rouble et participe à la survie du pays ou à l’effort de guerre. Si les stocks diminuent après la Révolution russe de 1917, Staline s’emploie à les reconstituer.
Poutine applique la même politique dans un objectif de dédollarisation de l’économie russe. En 20 ans, la Fédération de Russie a accumulé plus de 1 900 tonnes et elle occupe désormais la 5ème place du classement, avec près de 2333 tonnes d’or.
La Chine se positionne en tête des plus gros acheteurs d’or de la planète, avec une augmentation de 27 tonnes de son stock. Pourtant, les 2 262 tonnes d’or détenues ne représentent que 4,6 % de ses réserves, constituées aussi de yuans, de dollars, d’euros et d’autres devises. Ces chiffres sont les données officielles que la Banque populaire de Chine veut bien communiquer. Principal producteur d’or, la Chine, comme tous les pays des BRICS, souhaite réduire sa dépendance au dollar. L’achat d’or permet également d’offrir une plus grande stabilité au yuan.
La Suisse est réputée pour ses raffineries d’or qui retraitent la production des mines et l’expédient sous forme de lingots, pièces ou produits semi-finis. Elle détient le record du taux de réserves d’or par habitant.
Le pays a commencé à accumuler du métal jaune dès le 13ème siècle et sa neutralité en période de guerre lui a permis de préserver ses stocks au fil du temps. La Banque Nationale suisse garde la majeure partie de ses actifs à Berne.
En 15 ans, l’Inde a acheté environ 523 tonnes d’or. Le pays dispose à présent d’un stock de 880 tonnes et gagne une place dans ce classement des stocks d’or par pays. L’Inde possède un réel attrait pour l’or et les bijoux, lié aux croyances culturelles et religieuses.
On estime que les ménages indiens en détiennent plusieurs milliers de tonnes. Le gouvernement cherche donc à mobiliser ce stock d’or privé en développant des produits financiers adossés à l’or.
Le Japon se retrouve en 9ème position de ce classement. La dernière augmentation de son stock remonte à mars 2021 avec près de 81 tonnes d’or. Toutefois, le métal jaune ne représente que 5,9 % des réserves du pays.
Pour les Pays-Bas, l’or constitue près de 61 % de ses réserves de change totales. Son stock d’or est stable. En 2023, la Banque centrale hollandaise a déplacé 200 tonnes de lingots et pièces de son coffre-fort d’Harlam vers un terrain militaire à Zeist. Le reste est conservé aux États-Unis, à Londres et au Canada.
Les cas du FMI et de la BCE sur la détention d’or.
Le Fonds monétaire international (FMI) possède 2 814 tonnes d’or, soit plus que l’Italie et moins que l’Allemagne. Elle a commencé à constituer ses réserves au moment de sa création, puisque les pays membres devaient régler 25 % de leur quote-part initiale en or.
L’autre institution qui détient un volume important de stock d’or est la Banque Centrale européenne. La BCE est propriétaire de 506,5 tonnes, c’est-à-dire plus que Taïwan, mais moins que la Turquie.
Et quand est-il pour le Royaume Unis et le Canada ?
Le Royaume-Uni détient 310 tonnes d’or. Les deux guerres mondiales, la Grande Dépression des années 1930 et les crises économiques entre 1970 et 1980 ont régulièrement épuisé ses réserves. Mais le Royaume-Uni a su rebondir et augmenter son stock qui reste stable depuis 2006.
Fait surprenant, le Canada se démarque des membres du G7, car il ne possède pas du tout d’or. Le pays a préféré vendre ses réserves pour investir dans des actifs plus négociables sur les marchés et se tourner vers le dollar. Il a pris cette décision, conscient de disposer d’autres atouts comme une balance commerciale excédentaire ou une activité minière dynamique.
Les pays d’Amérique du Sud
Le Brésil détient 129,7 tonnes d’or et il est 30ème du classement (hors FMI et BCE) avec des achats notables en 2012 et 2021.
L’Argentine se positionne en 48ème place avec 61,7 tonnes d’or principalement acquises en 2004 (54,8 tonnes).
Contrairement au Canada, d’autres États se tournent vers l’or pour sécuriser leur économie.
La Turquie affiche un stock de 612 tonnes d’or et se classe juste derrière les Pays-Bas en 11ème position. Depuis plus de 10 ans, le pays achète massivement et régulièrement du métal jaune pour stabiliser sa monnaie ou lutter contre l’inflation.
Toutefois, la Turquie a fait une exception à cette règle au 2ème trimestre 2023, en vendant plus de 159 tonnes d’or. Depuis, elle poursuit ses achats de gros volumes d’or, avec notamment l’acquisition de 40 tonnes au premier trimestre 2024.
La Pologne mène aussi une politique d’achat soutenue depuis 2018 pour préserver sa souveraineté économique et garantir sa propre monnaie. Sur l’année 2024, elle a acquis 70 tonnes d’or et ses réserves s’élèvent à 427,2 tonnes (12ème position du classement hors FMI et BCE).
18e pays avec les plus grandes réserves d’or, le Kazakhstan compte 290,6 tonnes d’or principalement acquis de 2011 à 2021. En effet, en 10 ans, ce pays d’Asie centrale a acheté 335 tonnes d’or. Le métal précieux représente 56,1% de ses réserves. Mais depuis 3 ans, il en a vendu un peu plus de 112 tonnes.
Depuis 2021, cette cité-État d’Asie du Sud-Est a augmenté ses réserves d’or de plus de 109 tonnes. Il semblerait que Singapour cherche à diversifier ses réserves, particulièrement en période de dépréciation de sa monnaie. Le pays détient désormais 236,6 tonnes d’or et se positionne à la 22ème place du classement (hors FMI et BCE), derrière l’Espagne, l’Autriche et la Thaïlande.
Fait plutôt surprenant, d’après le dernier rapport de l’Institut pour les œuvres de la religion (ORI), le Vatican détient 31,7 millions d’euros d’or en 2022, conservés dans les coffres de la Réserve fédérale américaine.
Avec leurs stocks d’or, les pays entendent protéger leur monnaie contre un éventuel effondrement, diversifier leurs réserves ou investir dans une valeur refuge pour se prémunir en cas de crise. L’or reste une monnaie universelle dont la valeur tend à augmenter lorsque la conjoncture économique et géopolitique connaît des difficultés.
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